Bilan et certificat d’aptitude au sport
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Introduction
La pratique des activités physiques et sportives connaît actuellement une croissance importante dans la population française, en particulier parce qu’elle est un facteur efficace de prévention primaire, secondaire et tertiaire d’un grand nombre de pathologies dites « non transmissibles », et d’amélioration d’états physiologiques comme le vieillissement. La promotion de l’activité physique et sportive pour la santé et pour tous représente une mission importante de la médecine du sport. De plus, le sport de compétition est aussi largement démocratisé et valorisé.
La visite médicale de non contre-indication à la pratique du sport est un acte quotidien en médecine du sport (acte de prévention) et permet la délivrance d’un certificat médical destiné aux licenciés des fédérations sportives.
L’objectif principal est de dépister une incapacité, avec des objectifs sous-jacents qui sont prévenir, informer, éduquer, orienter et, voire même, effectuer des actes curatifs si besoin.
La visite médicale de non contre-indication
Elle peut être réalisée auprès de nos médecins du sport du IACOS.
L’intérêt est d’abord de rechercher et d’évaluer une incapacité à la pratique du sport.
Le deuxième intérêt est un intérêt de Santé Publique :
♦ Prévention
♦ information
♦ éducation
♦ et orientation sportive pourront être réalisées dans le même temps
♦ ainsi qu’une orientation vers les soins.
Cette consultation est actuellement bien justifiée par :
♦ L’augmentation du nombre de pratiquants : 25 000 000 de pratiquants en France et 13 000 000 de licenciés.
♦ La diminution des examens systématiques en particulier en Santé Scolaire et la disparition su service national.
♦ Le législateur qui a obligé les compétiteurs licenciés ou non à cette visite de non contre-indication (loi de Mars 1999 introduite au code de Santé Publique
Objectif de la visité médicale
- rechercher (éliminer) des contre-indications à la pratique sportive, rechercher une pathologie ou une anomalie clinique pouvant s’aggraver à l’exercice et entraîner un risque pour le pratiquant et qui serait une contre-indication (partielle ou totale) à la pratique du sport ;
- rechercher des facteurs incompatibles avec la pratique sportive intense (pour les sportifs concernés) ;
- dépister des facteurs de risque de blessures ;
- donner des conseils :
– de prévention des blessures, de récupération, de nutrition, du dopage et des conduites dopantes (prévention, information, éducation),
– concernant les disciplines sportives et modalités de pratiques à privilégier le cas échéant ; - délivrer le certificat médical de non-contre-indication à la pratique du sport ;
- délivrer une information concernant le questionnaire de santé « QS-SPORT » qu’il aura à renseigner les années pour lesquelles un certificat ne sera pas exigé.
Examen médical de non contre-indication au sport
Les grandes lignes de l’examen médical de non-contre-indication à la pratique du sport sont décrites ci-dessous, l’objectif étant qu’il soit le plus approfondi et soigné possible car il va aboutir à la rédaction d’un certificat médical qui engage la responsabilité professionnelle du médecin.
Vous pouvez trouver un exemple type élaboré par la Société française de Médecine de l’exercice et du Sport, téléchargeable au lien suivant :
https://www.sfmes.org/sfmes/textes-utiles ou https://www.sfmes.org/images/sfmes/pdf/Visite_NCI.pdf
Etat civil et renseignements administratifs
Nom, prénom, date de naissance, latéralité, niveau scolaire, d’étude ou profession (horaires, stress…), médecin traitant, kinésithérapeute…
Interrogatoire
- Antécédents :
– sportifs et pratique actuelle : niveau (haut niveau, loisir, amateur, compétition, palmarès), rythme, volume et intensité de pratique, ludique ou compétition, objectifs, conditions de pratique sportive (terrain, équipement, engagement dans un sport à catégorie de poids, conditions climatiques…), motivation de la pratique (compétition, modification corporelle, gestion du poids, maintien de la forme…) et désir sportif…
– familiaux au premier degré : infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez un homme ou 65 ans chez une femme, accident vasculaire cérébral constitué précoce chez un homme ou une femme de moins de 45 ans, coronaropathie, cardiopathie, hypertension artérielle, diabète, maladies musculaires, maladies génétiques, troubles de la coagulation…
– médicaux : facteurs de risque cardiovasculaire personnels : âge > 50 ans chez l’homme et > 60 ans chez la femme, tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans (nombre de paquets-année), hypertension artérielle traitée ou non, diabète de type 2 (dernière hémoglobine glyquée ou HbA1C), dyslipidémie (dernier LDLc, HDLc et triglycérides), surpoids ou obésité (calcul de l’IMC), cardiopathie (dernier électrocardiogramme de repos et dernière échocardiographie), asthme (dernière exploration fonctionnelle respiratoire), épilepsie (dernier électroencéphalogramme), myopie (dernières corrections), traumatisme crânien (avec ou sans perte de connaissance), maladies musculaires, pathologies neurologiques, troubles de la coagulation, perte ou non-fonctionnalité d’un organe pair, maladies génétiques, traumatologiques (blessures antérieures, entorses récidivantes) ;
– chirurgicaux. - Allergies
- Lecture du carnet de santé (maladies infantiles, recommandations médicales particulières, contre-indications médicamenteuses, supplémentations vitaminiques, courbe de croissance staturopondérale (contrôler l’âge du rebond d’adiposité, signe d’alerte s’il apparaît avant 6 ans).
- Vaccinations : BCG (recommandé à partir de 1 mois), diphtérie-tétanos-poliomyélite (recommandé à âges fixes chez l’adulte soit 25, 45, 65 ans puis tous les 10 ans), coqueluche, rougeole-oreillons-rubéole (pour les personnes nées après 1980, être à jour signifie avoir eu deux doses de vaccin), hépatite B (à partir de 16 – ans, elle est recommandée uniquement chez les personnes exposées au risque d’hépatite B).
- État pubertaire et sphère gynécologique (âge des premières règles, régularité des cycles, contraception, vaccination du papillomavirus humain, HPV).
- Habitudes de consommation de produits :
– toxiques ou interdits (tabac, cannabis, alcool, dopage…) ;
– à des fins de performances (compléments alimentaires, phytothérapie, boissons énergisantes…). - Traitements médicamenteux et non médicamenteux (avec et hors prescriptions) : antalgiques, anti-inflammatoires stéroïdiens et non stéroïdiens (AINS), traitements anticoagulants, compléments alimentaires, kinésithérapie, semelles orthopédiques… Pour les traitements figurant sur la liste de produits interdits par l’Agence mondiale anti-dopage, vérifier que le sportif possède bien les éléments justifiant l’utilisation thérapeutique et qu’une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques est mise en place si elle est nécessaire
- Habitudes de vie : habitudes alimentaires (petit déjeuner, déjeuner, collation, dîner, hydratation), habitudes de sommeil (heures de coucher et de lever, insomnie, réveils nocturnes), temps de sédentarité (télévision et/ou jeux vidéo, à quantifier en heure/jour), nombre de déplacements avec distance et moyen de locomotion utilisé, hygiène corporelle…
- Signes fonctionnels (symptômes) au repos et à l’effort : doléances du moment, douleur, signes fonctionnels cardiovasculaires (douleur thoracique, palpitations, syncope, perte de connaissance, dyspnée et/ou asthénie anormale), signes fonctionnels de l’appareil locomoteur (douleur, boiterie, instabilité, raideur…), fatigue chronique, contre-performances, signes de stress, troubles du sommeil…
Examen physique
Complet, systématique et soigneux, orienté par l’interrogatoire.
Bilan morphologique : poids, taille, indice de masse corporelle (IMC), composition corporelle (impédancemétrie ou plis cutané, estimation de la masse grasse et du poids idéal), envergure, empan (largeur d’une main ouverte, du bout du pouce jusqu’au bout du petit doigt), périmètre physiologique des membres supérieurs (bras et avant-bras) et inférieurs (cuisses et jambes).
Évaluation de la croissance, développement psychomoteur, stade pubertaire (critères de Tanner).
Appareil cardiovasculaire : fréquence cardiaque de repos, tension artérielle aux deux bras à la recherche d’une à une anisotension, recherche des pouls périphériques, auscultation à la recherche de souffles cardiaques et périphériques.
Les sociétés française et européenne de cardiologie préconisent l’ECG de repos systématique à partir de 12 ans, répété tous les 3 ans jusqu’à 20 ans puis tous les 5 ans jusqu’à 35 ans. Après 35 ans, l’épreuve d’effort remplace l’ECG de repos mais elle n’est pas systématique. Elle doit en effet être adaptée au niveau et au type d’activité physique pratiquée et au risque cardiovasculaire du patient. Lorsqu’elle est réalisée, l’épreuve d’effort est généralement répétée tous les 5 ans, mais il n’existe pas de consensus formel des sociétés savantes.
Appareil locomoteur : troubles de la statique rachidienne (symétrie des épaules, bascule du bassin, attitude scoliotique ou scoliose vraie avec recherche d’une gibbosité en flexion antérieure du bassin, inégalité de longueur des membres recherchée en décubitus dorsal), troubles de la statique des membres inférieurs (genu valgum ou varum), amplitudes articulaires, laxité articulaire (épaule, genou, cheville), raideurs tendinomusculaires (chaînes sous-pelviennes postérieures [ischiojambiers] ou antérieures [quadriceps]), existence de points douloureux apophysaires (tubérosité tibiale antérieure = Maladie d’Osgood-Schlatter ; calcanéum = maladie de Sever), examen podologique (hyperkératose traduisant un hyperappui, pieds creux ou pieds plats à l’examen au podoscope).
Appareil respiratoire, digestif, orifices herniaires.
Examen neurologique : motricité, sensibilité, réflexes ostéotendineux, équilibre…
Bilan ophtalmologique : acuité visuelle, vision des couleurs.
Bilan ORL : tympans, sinus, acuité auditive…
État buccodentaire : date de la dernière visite chez le dentiste, panoramique dentaire, dents de sagesse, orthodontie, troubles de l’articulé dentaire…
Aires ganglionnaires, paroi abdominale, organes génitaux, phanères…
Analyse d’urine par bandelette urinaire (glycosurie, albuminurie).
Examens complémentaires éventuels
Aucun examen paraclinique n’est indispensable chez le sujet jeune asymptomatique.
Si l’examen clinique révèle une (ou des) anomalie(s), des examens paracliniques pourront être demandés en fonction de l’interrogatoire et l’examen clinique, de même qu’un avis spécialisé : échocardiographie, ECG d’effort, VO2max, mesures ventilatoires (exploration fonctionnelle respiratoire [spirométrie + courbe débit/volume]…).
Dans l’attente, le médecin ne rédigera alors pas le certificat médical de non-contre-indication, mais surtout il se doit de rédiger un certificat médical de contre-indication temporaire à la pratique du sport. Chez le jeune en période scolaire, il convient aussi de rédiger une dispense d’EPS. Chez le sportif professionnel, il convient de réaliser un arrêt de travail.
Conseils, information, éducation, prévention
Durant cette visite médicale, un temps sera réservé pour vous prodiguer des conseils adaptés pour une pratique sportive permettant le maintien voire l’amélioration de la santé :
- hygiène de vie : repas équilibrés et adaptés aux modalités de la pratique sportive, quantité et qualité du sommeil, bonne hydratation, apport calcique suffisant, harmonie de l’emploi du temps (sport, travail, repos) ;
- conseils de récupération (repos, étirements, hydratation) ;
- équipement sportif de qualité et adapté, utilisation du matériel de protection (indispensable pour certains sports) ;
- environnement sportif sérieux et encadrement de qualité, suivi scolaire ;
- notion d’entraînement : échauffement, étirement, récupération… ;
- reconnaître et signaler une douleur anormale, des signes de fatigue… ;
- évoquer la question de la consommation de produits à des fins de performance (motivations, risques, possibilités de performance sans consommation de produit…), mettre en garde contre les dangers des conduites à risques et du dopage.